Pollution, effets sur la santé et politiques de prévention
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Depuis l’adoption de l’Accord de Paris en 2015 et la conférence de Bonn, la lutte contre la pollution n’est plus la priorité des Etats-Unis et les scientifiques sonnent la sonnette d’alarme. Après trois ans de négociations, la COP24, qui s’est déroulée en décembre 2018 à Katowice (Pologne), a permis l’adoption d’un mode d’emploi de l’Accord de Paris, définissant les modalités d’application nationales du texte. Concrètement, chaque Etat signataire doit faire preuve de transparence et mesurer les vrais efforts réalisés dans la réduction d’émissions de CO2, une tolérance est toutefois accordée aux pays en développement. Prochaine étape : La COP25. Elle se déroulera au Chili en partenariat avec le Costa Rica, du 11 au 22 novembre 2019.
L'accord de Paris sur le climat, signé en décembre 2015 par la communauté internationale vise à limiter la hausse de la température moyenne "bien en deçà de +2°C" - un seuil déjà synonyme de bouleversements à grande échelle - et "si possible à +1,5°C" par rapport à l'ère industrielle. Les engagements actuels conduisent à une hausse de 3°C du thermomètre mondial. L’année 2018 n’aura pas été bonne pour la planète puisque, selon ce 13e bilan du Global Carbon Project, réalisé par 80 scientifiques, les émissions de CO2 liées à l'industrie et à la combustion du charbon, du pétrole et du gaz auraient cru de 2,7% par rapport à 2017, soit une hausse de 1,6 % l'an dernier ayant suivi trois ans quasiment stables.
Dans le monde, neuf citadins sur dix vivent dans un environnement dont la qualité de l'air est dégradée au point que respirer comporte des risques. Et la situation ne tend pas à s'améliorer. Seuls 12% de la population urbaine mondiale vit sous les seuils conseillés par l'OMS. Ces relevés de l’OMS couvrent la période de 2008 à 2013, ils portent sur 1 600 villes de 91 pays. La France est 49e.
La mondialisation a, non seulement globalisé l‘économie, mais aussi les dégâts sur les populations et les politiques de santé publique. Fini le temps où le nuage de Tchernobyl ne franchissait pas les frontières, les pouvoirs publics reconnaissent dorénavant l’obligation de traiter les effets de la pollution sur la santé à l’échelle mondiale. Le constat est en effet sans appel : selon la revue Nature, la pollution émise en Chine en 2007, s’est traduite par plus de 64 800 morts prématurés dans d’autres régions du monde, dont 3 100 morts en Europe de l’Ouest et aux Etats-Unis. Il est important de souligner également que la consommation en Europe et aux États-Unis de biens chinois est liée à plus de 108 600 décès prématurés en Chine.
Le grand public qui découvre régulièrement de “nouvelles conséquences“ sur la santé, a le sentiment que la situation de la pollution atmosphérique s’aggrave constamment. Pourtant, la situation réelle est différente. La lutte contre la pollution est intégrée aux politiques publiques, par exemple en France, via les procédures STERNES (pour système temporaire d’encadrement réglementaire et normatif des émissions soufrées) permet à un préfet de demander aux industriels de limiter leurs rejets de polluants dans l’atmosphère lorsqu’un épisode d’inversion de température est anticipé. Prévoir les pointes de pollution est un atout : des conditions météorologiques, à savoir vent faible et inversion de température, favorisent la stagnation des polluants.
Quels polluants ?
Ils sont de divers ordres, combinés aux conditions météorologiques précises, ils contribuent notamment à rendre les grandes agglomérations irrespirables.Le dioxyde de soufre, obtenu par combustion de combustibles fossiles (charbon, coke de pétrole, fioul lourd, fioul domestique), est connu pour les smogs acides. Celui qui envahit Londres dans les années 1950 avait provoqué des hausses de la mortalité journalières se comptant en milliers. Sa source est principalement l’industrie et la production d’énergie.
Les oxydes d’azote, produits notamment par l’acide nitrique et l’engrais azotés, sont obtenus par la combustion de combustibles fossiles (essence, gazole, fiouls...) et de biomasse.
La source la plus importante de pollution photochimique à l’ozone reste le trafic routier, les véhicules roulant au diesel.
A ces particules s’ajoutent celles dites « atmosphériques primaires ». Elles ont des origines distinctes. Elles peuvent être d’ordre mécanique (érosion des sols, broyage, concassage, etc.), chimique ou thermique (issues de réactions chimiques, par évaporation à haute température puis par condensation) ou biologiques (pollens, champignons, bactéries).
Ces particules sont classées par taille en fonction de leur pénétration plus ou moins profonde dans le système pulmonaire humain.
L’Union européenne a retenu comme polluant à surveiller les PM10, des particules en suspension d’un diamètre inférieur à 10 microns et les PM2,5 d’un diamètre inférieur à 2,5 microns. Le seuil maximum recommandé de l'OMS se situe à 10µg/m3.
Les maladies liées à la pollution
La pollution peut avoir divers effets à court et à long terme sur la santé. On distingue par définition deux types de pollution:La pollution extérieure - La pollution extérieure qui provoque quatre mécanismes : une réponse au stress oxydant, des inflammations, des réponses immunologiques particulières et l’augmentation des allergies.
La pollution agit sur les gènes qui régulent ces quatre mécanismes et de ce fait, favorise l’apparition de l’asthme ou l’aggravation d’un asthme préexistant. La pollution va modifier les gènes capables de produire des antioxydants en réponse aux agents oxydants contenus dans la pollution atmosphérique. Cela va provoquer des lésions inflammatoires aux bronches et l’apparition de l’asthme ou son aggravation.
De même, au contact de la pollution atmosphérique, les gènes responsables de la fonction régulatrice des lymphocytes T-régulateurs seront bloqués et le nombre d’allergies décuplées. En cas d’inflammation due au stress oxydant et aux mécanismes immunologiques, un remodelage bronchique va se traduire par une fibrose et une obstruction bronchique irréversible.
La pollution intérieure - Pour ce qui touche à la pollution intérieure, outre l’asthme et des maladies allergiques respiratoires, les polluants de l’habitat peuvent favoriser la broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO) chez la femme et des bronchites chez l’enfant dans les pays en voie de développement. Le tabac est le polluant chimique de l’environnement intérieur.
Au total, deux principaux mécanismes semblent agir pour l’asthme et la BPCO induits par la pollution avec cependant des nuances entre les deux maladies. Pour l’asthme, il est admis depuis quelques années le rôle déterminant du stress oxydant dans sa genèse. En revanche, l’évolution est plutôt inverse dans la BPCO, le stress oxydant a été mis en avant et plus récemment les désordres immunitaires sont aussi admis.
Effets de ces pollutions à court terme et à long terme
Il est classique de séparer les effets à court et long terme, même si cette distinction reste artificielle, puisque la répétition des effets à court terme conduira à des effets à long terme.
Depuis une trentaine d’années les connaissances ont été affinées par le développement de nouvelles méthodologies statistiques : c’est ainsi que la science a mis en évidence, ces dernières années, des effets sanitaires qui n’avaient jusqu’alors jamais été décrits. Il ne s’agit à l’évidence pas de “nouveaux“ effets : ils ne pouvaient pas jusqu’alors être démontrés par les méthodes d’étude existantes.
Les effets à court terme concernent des symptômes respiratoires : une baisse de la fonction respiratoire ou des épisodes infectieux, une exacerbation d’une pathologie préexistante, respiratoire et/ou cardiaque pouvant conduire au décès. Les symptômes sont généralement des toux, notamment nocturnes, sibilances thoraciques (sifflements respiratoires), bronchites. Ils sont plus graves chez le nourrisson. L’augmentation des taux d’ozone et de particules de diamètre inférieur à 10 µg et à 2,5 µg, créé une augmentation des rhino sinusites, bronchites, bronchiolites et pneumonies chez les enfants jusqu’à l’âge de 4 ans. Chez les adolescents, une augmentation des taux de polluants peut entraîner une diminution de l’attention soutenue. Les Syndromes coronariens (douleurs thoraciques, infarctus du myocarde et insuffisance cardiaque) sont eux liés au taux d’oxyde d’azote et surtout aux particules fines.
Les effets à long terme se quantifient au niveau de la population, dans les indicateurs de santé respiratoire (décès, hospitalisations, asthme, BPCO, cancer du poumon etc…). L’effet sanitaire se produit au bout de plusieurs années : les effets aigus pourraient s’additionner et donner lieu à des effets chroniques. Au total, l’essentiel de l’impact sanitaire de la pollution atmosphérique est de type chronique et est dû aux nombres de jours de pollution.
Impacts des polluants atmosphériques sur la santé respiratoire
Le rôle du tabac est si puissant que son impact sur la santé respiratoire brouille les données. Il est donc délicat d’identifier un signal clair lié à la pollution atmosphérique.Les premières études nord-américaines, publiées au début des années 1990, ont été confortées depuis par plusieurs travaux européens, dont le suivi à long terme de l’enquête PAARC (pollution atmosphérique et affections respiratoires chroniques) en France.
L’exposition prolongée à la pollution urbaine pouvait augmenter la morbidité (symptômes, maladies, recours aux urgences à la suite de celles-ci) et diminuer durablement la fonction respiratoire.
Plus récemment, l’étude APHEKOM (improving knowledge and communication for decision making on air pollution and health in Europe) a montré que, dans les villes étudiées, vivre à proximité de routes était responsable de 15 à 30% de nouveaux cas d’asthme chez les enfants ainsi que de BPCO.
Quelques études ont aussi montré un lien entre la pollution due au trafic automobile et l’asthme et les allergies.
En raison des effets aigus de la pollution atmosphérique et des interactions existantes entre pathologies aiguës et chroniques, il est compliqué de distinguer les effets chroniques de la pollution sur la mortalité dans des zones urbaines. On observe une augmentation de 9% du risque de décéder d’une pathologie cardio-pulmonaire.
Plusieurs études de cohortes américaines et européennes, dont une française, suggèrent aussi une augmentation du risque de cancer du poumon, bien qu’inférieure à celle causée par le tabac.
Une méta-analyse a estimé entre 15 et 21% l’augmentation du risque de décès par cancer du poumon pour chaque augmentation de 10 µg/m3 des PM2,5.
Effets du diesel
Les effluents diesel sont particulièrement suspects et à l’issue d’une réunion de spécialistes internationaux, le centre international de recherche sur le cancer (CIRC), qui fait partie de l’OMS, a classé les gaz d’échappement des moteurs diesel comme étant cancérogènes pour l’homme, sur la base d’indications suffisantes prouvant qu’une telle exposition est associée à un risque accru de cancer du poumon.L’étude européenne APHEKOM a montré que les dépassements de niveaux de PM2,5 par rapport aux directives de l’OMS sont responsables de 2 900 décès annuels prématurés dans les villes françaises participant à l’étude.
Cette même étude a montré que le gain d’espérance de vie, si les lignes directrices de l’OMS étaient respectées pour les seules PM2,5 (10 µg/m3), conduirait à un gain d’espérance de vie de 0 à Stockholm à 22 mois à Bucarest (6 mois dans les grandes villes françaises).
Le rapport Baseline scenario for the clean air for Europe Analysis (CAFE) pour le compte de la Commission européenne, estime que 100 000 décès prématurés et 725 000 années de vies perdues par an sont attribuables aux particules fines en Europe (toutes pathologies confondues). Un total de 6 000 à 9 000 décès toutes causes confondues pourrait lui être attribué, soit 3 à 5% de la mortalité totale de la population.
Sur ce plan les filtres à particules, obligatoires sur les véhicules diesel depuis 2011 n’ont pas été la panacée attendue. Le dioxyde d’azote est un fort irritant bronchique mais, en outre dans la “soupe atmosphérique“, ce composé est à l’origine de deux polluants secondaires préoccupants.
C’est la première fois que les instances européennes font marche arrière en matière d’émissions polluantes et ce en faveur du diesel. Le diesel propre n’est pas pour demain et les véhicules essence à injection directe et moteur turbo compressés sont autorisés à émettre des particules jusqu’en 2017.
Effets de la pollution intérieure
Plus aucun doute n’existe sur la nocivité du tabagisme passif in utero et environnemental qui constitue une autre source de particules respirables. Chez les enfants de mères fumeuses, on dénote un risque accru d’asthme, de symptômes respiratoires, de baisse de la fonction respiratoire, d’otites et de mort subite du nourrisson. Et chez l’adulte, le tabagisme environnemental a été mis en relation avec les cancers du poumon et de la sphère ORL même chez les femmes enceintes dont les époux fument.L’utilisation domestique de bois et de charbon, autre source connue de particules respirables, a été impliquée dans les sifflements thoraciques accompagnés d’une gêne respiratoire, de toux, crachats, bronchites et de cancers des poumons, même dans les pays industrialisés.
On retrouve également dans l’intérieur des habitations, le dioxyde d’azote, cause principale des infections respiratoires aiguës, comme l’asthme. La présence de cuisinières et chauffages à gaz, sources directes de dioxyde d’azote, conduit aussi à des gènes respiratoires telles que la dyspnée chez l’adulte.
Des estimations récentes ont montré que dans le monde, la pollution de l’air intérieur est responsable chaque année d’environ 4,3 millions de décès, imputables aux infections respiratoires aiguës chez les enfants âgés de moins de 5 ans à la broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO) et au cancer pulmonaire davantage chez les femmes surtout parmi celles exposées à la biomasse (combustion de bois, gaz, charbon pour le chauffage).
Il existe une grande variabilité dans l’exposition aux polluants, selon la fragilité des individus. Certains groupes de population, tels que les enfants, les personnes âgées et les individus souffrant de pathologies chroniques (cardio-pulmonaires, diabète etc.), ont été identités comme plus concernés par les effets de la pollution atmosphérique.
État des lieux du monde en lutte contre la pollution
Selon les chiffres de l’OMS, 7 millions de décès par an sont liés à l’exposition à la pollution de l’air extérieur. La pollution de l’air intérieur peut s’avérer tout aussi mortelle.
En 2012, selon les estimations, 6,5 millions de décès (soit 11,6% des décès dans le monde) étaient associés à la pollution de l’air extérieur et à la pollution de l’air intérieur. Près de 90% des décès liés à la pollution de l’air surviennent dans les pays à revenu faible. Les maladies non transmissibles sont à l’origine de 91% des décès.
Selon le dernier rapport de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), sur la pollution de l’air et la santé de l’enfant (Prescribing clean air), publié en octobre 2018, 93% des enfants de moins de 15 ans dans le monde voient leur santé et leur développement mis
en danger à cause d’un air pollué. L’OMS estime qu’en 2016, 600 000 enfants sont morts d’infections aiguës des voies respiratoires inférieures dues à la pollution de l’air.
Dans les 15 pays émettant les plus grandes quantités de gaz à effet de serre, l’OMS estime que les conséquences de la pollution de l’air sur la santé représentent plus de 4% de leur PIB. Les mesures pour atteindre les objectifs de l’Accord de Paris nécessiteraient d’y consacrer environ 1% du PIB mondial.
Chaque année, les risques environnementaux – pollution de l’air intérieur et extérieur, tabagisme passif, insalubrité de l’eau, manque de moyens d’assainissement et hygiène insuffisante – entraînent le décès de 1,8 million d’enfants de moins de 5 ans. Ce rapport indique en outre que les femmes enceintes exposées à un air pollué, risquent davantage d’accoucher prématurément. Autre répercussion de la pollution de l’air, des effets sur le développement neurologique et les capacités cognitives des nouveau-nés ainsi qu’une augmentation des infections comme l’asthme mais aussi une recrudescence de certains cancers de l’enfant.
L’augmentation de mortalité est de l’ordre de 1% pour une élévation de 10 µg/m3 du taux de PM2,5 dans une méta-analyse mondiale avec des variations régionales plus importantes pour la mortalité respiratoire que pour la mortalité cardiovasculaire.
La pollution ne tue pas instantanément : elle peut aller au-delà de la gêne ou de la dégradation de la qualité de vie pour atteindre la santé des populations.
Toutefois, l’activité humaine ne constitue pas la seule source de pollution de l’air. Les tempêtes de sable, par exemple, peuvent avoir une influence sur la qualité de l’air, en particulier dans les régions situées à proximité d’un désert.
En 2015, une équipe de chercheurs estime, dans un article publié par la revue médicale The Lancet, que l’exposition longue aux particules fines (moins de 2,5 microns) a causé la mort de 4,2 millions de personnes et la perte de 103,1 millions d’années de vie en bonne santé, notamment en Chine, en Inde, au Pakistan et au Bangladesh. Ces décès prématurés surviennent dans 59% des cas en Asie du Sud et de l’Est.
Dans la revue Nature, les chercheurs ont évalué les décès dus aux particules fines selon que ces morts découlaient de la production de biens et de services, de leur consommation ou du déplacement atmosphérique des polluants. Ils estiment que, sur les 3,45 millions de décès prématurés dus aux particules fines comptabilisés en 2007, “22%, soit 762 400 morts, sont liés à des biens et des services produits dans une région mais consommés dans une autre“, donc au commerce international, contre “12%, soit 411 100 morts, à des polluants émis dans une région différente de celle où les décès surviennent“, c’est-à-dire au déplacement par le vent des particules fines d’un pays à l’autre.
Afin de sensibiliser le grand public, l’OMS a mis a disposition du grand public une carte interactive montrant l'ampleur de la pollution aux particules fines
Cliquer ICI pour accéder à la carte interactive.
Préventions et politiques de lutte
L' Europe

Une politique insuffisante
Dans un rapport intitulé “Pollution de l’air: notre santé n’est toujours pas suffisamment protégée“, publié fin 2018, la Cour des Comptes Européenne (CCE) fait un constat alarmant, estimant que « l'action de l'Union européenne visant à protéger la santé humaine contre la pollution atmosphérique n'a pas produit les effets escomptés ». Et pourtant, “l’Union européenne voit ses émissions reculer de 0,7%, avec toutefois de fortes disparités nationales“, précise le récent rapport de OMS, sur la pollution de l’air et la santé de l’enfant. Seuls la Norvège, le Monténégro et la Macédoine ont pris des politiques nationales et mis en place des mesures en accord avec leurs engagements pour réduire leurs émissions de CO2.
Malgré cela, l’audit de la CCE note que les normes de qualité de l'air de l'UE, fixées en 2008, sont trop laxistes par rapport à celles de l’OMS. Il déplore aussi que dans la plupart des Etats membres ne respectent toujours pas les normes de l'UE, et qu’ils n'affichent pas une volonté ferme pour améliorer la qualité de l'air en prenant des mesures plus strictes. L’instance déplore aussi que malgré des mesures coercitives, les Etats membres hors des clous n’aient pas du tout changé leur politique et continué à dépasser les limites. Elle dénonce aussi les projets mal ciblés soutenus par l’UE, le manque d’information au grand public.
Et pourtant début mars 2017, l'UE (11% des émissions, 3e rang) a été la première à transmettre son plan : réduire d'au moins 40% d'ici à 2030 ses émissions par rapport à 1990. Le passage de la connaissance à l’action relève d’une démarche de longue haleine qui suppose l’investissement des populations et donc de pédagogie.
Cette évolution se déroule sur le temps long, indépendant du temps court que sont les pics de pollution. Même s’ils sont répercutés par les médias, l’effet reste limité sur la prise de conscience individuelle.
Les normes d’émissions à l’échelle européenne ont été définies en raison de la nature transfrontalière de ces polluants persistants. A partir d’une évaluation de ces émissions a été mis en place une taxation sur le principe « pollueur payeur ».
Au fil des ans, la diminution des émissions a été compensée par l’élargissement de l’assiette de la taxe. La directive National Emission Ceilings (NEC) de la Commission européenne en 2001, a défini des limites pour les émissions nationales totales du dioxyde de soufre, des oxydes d’azote, des composés organiques volatils et de l’ammoniac. Elle a ensuite été complétée par la directive sur la qualité de l'air ambiant adoptée en 2008.
Les émissions sont contrôlées par le Centre interprofessionnel technique d’études de la pollution atmosphérique (CITEPA) qui s’appuie en France sur les associations agréées de surveillance de la qualité de l'air (AASQA). Elles font remonter les données locales afin de modéliser la répartition spatiale des polluants et d’établir des cartes de pollution.
Les industriels par la taxe générale sur les activités polluantes (TGAP) financent la surveillance d’une pollution devenue urbaine.
La France

En France, les émissions de dioxyde d’azote ont été diminuées par dix, passant d’environ 1800 Kt en 1960 à 180 Kt en 2014.Cette tendance à la baisse est en partie due au renouvellement du parc automobile de moins en moins polluant. Les émissions françaises de benzène, pour plus de 50 % attribuables au chauffage à bois, ont été globalement divisées par deux depuis 2000. Bien que leurs concentrations annuelles moyennes présentent une tendance à la baisse en France ces dernières années, les particules PM10 et le dioxyde d’azote font l’objet d’une attention particulière.
L’étude PSAS-9 (surveillance air et santé dans neuf grandes villes françaises), sous l’égide de l’Institut de veille sanitaire, a surveillé l’impact à court terme des fluctuations des polluants atmosphériques sur la mortalité et les hospitalisations.
Elle établit que 24 à 48 heures après un pic de pollution, la mortalité augmente de 1 à 3%.
Le rapport de l'agence Santé publique France(1) publié en 2016, souligne que la pollution due aux particules fines faisait perdre au moins 15 mois d'espérance de vie dans les villes. 48.000 décès sont imputables, chaque années en France, à des substances rejetées par l'industrie, l'agriculture, les transports, le chauffage notamment à partir d'énergies fossiles.
Paris, avec 17µg/m3 de PM2,5, est 753e dans l’étude de l’OMS (1 600 villes), et 37e ville de France la plus polluée.. En mars dernier, la ville a subi de ces PM 2,5. Or, 75, c'est exactement le taux annuel de Bhopal, 33e sur 1 600 au classement général. Depuis janvier dernier, Paris est la première zone à circulation restreinte (ZCR) de France. Une vignette sur les véhicules les moins polluants doit être apposée sur les véhicules, ce “certificat qualité de l'air“ coûte 4 euros.
L’objectif annoncé de la mairie de Paris est de faire disparaître tous les véhicules diesel de Paris à l’horizon 2020.
Les Etats-Unis, hors de l’Accord de Paris en 2020

Le 2 juin 2018, le président des États-Unis, Donald Trump, a annoncé le retrait de son pays de l’Accord de Paris. Ce retrait repose sur l’article 28 de l’Accord de Paris permettant aux signataires d’en sortir. Il lui permet de récupérer les 3 milliards de dollars promis pour aider les pays en voie de développement.La sortie officielle des américains se fera à l’horizon 2020. Les États-Unis vont rejoindre les deux seuls pays qui ne l’ont pas signé : le Nicaragua et la Syrie. Cela peut avoir des effets boule de neige vis-à-vis des pays qui avaient été réticents lors de la signature de l’Accord de Paris comme l’Arabie saoudite, le Japon, l’Australie, la Russie (qui n’a pas ratifié l’accord), voire le Canada.
Deuxième pollueur mondial voulait avant la décision de D. Trump, réduire de 26 à 28% ses émissions d'ici à 2025 par rapport à 2005. Un objectif en-deçà de celui des Européens, mais au-delà des précédentes contributions américaines, dans le cadre de l’Accord de Paris. S’en est fini de ces bonnes résolutions. Les États-Unis ont vu leurs émissions en CO2 bondir de +3,4 % en 2018, une hausse à imputer plus à un hiver et un été extrêmes qu’aux décisions anti-climat de Donald Trump. L’ozone et les particules sont responsables de la majeure partie des dépassements des valeurs recommandées pour la qualité de l’air aux Etats-Unis. (Source Rhodium Group : https://rhg.com/research/preliminary-us-emissions- estimates-for-2018/)
Face au retrait de Donald Trump, les états de Californie, de New York et de Washington ont d'ores et déjà annoncé la mise en place d’une alliance d’États américains qui rassemblera d’autres États qui souhaitent malgré tout respecter l’accord climatique, même officieusement.
Les géants de la Silicon Valley ont même tenté jusqu’au bout de faire revenir Donald Trump à la raison. “La décision de se retirer de l’accord de Paris est une erreur pour notre planète. Apple s’engage à lutter contre le changement climatique et ne renoncera pas“, a ainsi indiqué le directeur général d’Apple, Tim Cook sur Twitter. “Le retrait de l’accord de Paris sur le climat est néfaste pour l’environnement, néfaste pour l’économie et met en péril le futur de nos enfants“, a ajouté Mark Zuckerberg, le patron de Facebook. “En ce qui nous concerne, nous nous sommes engagés à ce que tous les nouveaux centres de données que nous construisons soient alimentés par 100% d’énergie renouvelable. Arrêter le changement climatique est quelque chose que nous ne pouvons faire qu’en tant que communauté mondiale et nous devons agir ensemble avant qu’il ne soit trop tard“.
Avec cette décision, le président des États-Unis va à l’encontre de l’avis des américains. Une étude de l’Université de Yale publiée fin mai 2017, révèle que 69% des votants sont favorables à l’application des Accords de Paris(1).
Après la décision de Trump, le 24 juin devant l’ONU, a été dévoilé par Emmanuel Macron, président de la République française, le “pacte mondial pour l’environnement“, un texte élaboré par des juristes, des personnalités politiques, des experts et des militants écologistes du monde entier qui veulent en faire un traité international pour la défense de la planète.
Ce document d’une trentaine d’articles couvre aussi bien le climat, les océans, la biodiversité ou la santé et reprend la plupart des principes déjà adoptés dans diverses déclarations : le droit à une vie saine (accord de Rio de Janeiro de 1992), le droit d’accès à l’information environnementale de la convention d’Aarhus (Danemark) de 1998, l’évaluation des impacts sur l’environnement de la convention d’Espoo (Finlande) de 1991 et le principe du pollueur-payeur.
Un texte nécessaire d’autant qu’une étude de National Environment Trust (NET) présentée à l’occasion de la conférence de l’ONU sur le climat à Bali révèle que, tous les ans, 42 Etats Nord-Américains émettent chacun plus de gaz à effet de serre (GES) que 50 pays en voie de développement réunis.
Trois autres États polluent plus qu’une centaine de pays sous-développés.
Le Texas pollue plus que 116 pays en développement totalisant plus d'un milliard d'individus, et autant que le Royaume-Uni (60 millions d'habitants), selon le NET dans “Taking Responsability : Why the United States Must Lead the World in Reducing Global Warming Pollution“.
Le Wyoming, l'Etat américain le moins densément peuplé avec 510 000 d'habitants émet plus de CO2 que 69 pays en développement réunis, totalisant 357 millions de personnes.
17 Etats américains à ce jour - représentant 31% des émissions américaines et 45% de la population -ont adopté des objectifs de réduction et de nombreux autres ont fixé des réductions par secteurs d'activité, jetant les bases d'une future politique nationale de lutte contre le réchauffement climatique.
Sans diminution des gaz à effets de serre à leur niveau actuel, l’Environmental Protection Agency projette aux États-Unis en 2100 une diminution annuelle moyenne légère de la concentration d’ozone ambiant, avec une augmentation dans les zones polluées et à population dense, comme le nord-est, le Middle-West et le sud des États-Unis.
En revanche, l’EPA craint, pendant la période estivale et les pics d’ozone, un retentissement sur la morbidité et la mortalité respiratoire.
Les modèles climatiques montrent qu’avec une augmentation de la température de 1◦C, les risques de feux de forêts ont augmenté de 2 à 6 fois entre 1950 et 2003, dans la plupart des états américains à l’ouest du Mississipi.
Bien que les feux de forêts soient le plus souvent localisés, la fumée dégagée peut s’étendre sur de grandes distances. Il a été estimé que 339 000 décès prématurés/an en moyenne dans le monde, sont attribuables à la pollution dégagée par les feux de forêt, notamment du fait des particules.
Pendant les vagues de chaleur, la consommation d’électricité augmente pour assurer la climatisation. Quand l’électricité est fournie par les centrales à charbon, les émissions de particules tendent à augmenter.
La Chine

Plus gros émetteurs au monde de gaz à effet de serre et premiers investisseurs dans les énergies renouvelables, la Chine doit aujourd’hui faire face à un grave problème de pollution. En 2018, elle a connu un boom d'émissions (+4,7 %). Le pays est à l’origine d’un quart des émissions mondiales. Ses efforts avaient pourtant permis des résultats encourageants les années précédentes, selon ce 13e bilan du Global Carbon Project, réalisé par 80 scientifiques.(http://www.globalcarbonproject.org/carbonbudget/)
Le pays avait déjà prévenu qu'il atteindrait son pic de pollution autour de 2030. Il s’est engagé dans le cadre des accords de Paris, à réduire de 60 à 65% son "intensité carbone" (émissions de CO2 rapportées à la croissance) en 2030 par rapport à 2005.
Même si sa prise de conscience est tardive, elle est bien réelle, avec sa force de frappe, la Chine marche en ordre de rang et expérimente à tout va. À cause de son industrialisation intensive, la pollution de l’air à Pékin est 20 fois supérieure aux normes internationales selon Greenpeace.
Face à cela, le gouvernement chinois a lancé il y a trois ans, l’initiative de “La Ceinture et la Route “, favorisant ainsi la coopération internationale dans l’esprit de la Route de la soie. Une campagne autour de la santé, devenue une priorité nationale.
L’un des objectifs est notamment la réduction de la part dédiée au charbon, dont dépend 60% de l'énergie en Chine. La façon la plus rapide de dépolluer l’air de Pékin est de remplacer le charbon par du gaz n’émettant aucune particule. Pour cela les initiatives locales sont fortement encouragées.
Ainsi, la presse chinoise rapporte que la consommation annuelle de charbon dans la ville de Lanzhou (dans le nord-ouest aride du pays) est passée de dix millions de tonnes en 2012 à six millions de tonnes en 2015. Elle comptait parmi les villes chinoises les plus polluées. L'une des mesures prises par Lanzhou est la mobilisation des fonctionnaires : 10 000 superviseurs de la pollution inspectent la ville pour voir qui brûle quoi et si du charbon et du bois de qualité inférieure sont utilisés.
La Chine fait souvent face à d’importants pics de pollution. En fin d’année dernière, un nuage épais a même envahi Pékin et une dizaine d’autres villes situées au nord du pays. Le gouvernement a été obligé d’annuler des vols et de fermer les routes les plus importantes.
Un architecte pense avoir trouvé la solution : construire des forêts verticales pour nettoyer l’air, des forêts verticales recouvrant des immeubles d’arbres et de plantes capables de purifier l’air. Pour tester son idée, il s’est donc lancé dans la construction de deux tours à Nankin, une ville composée de plus de huit millions d’habitants.
Cette transition énergétique se traduit aussi par la construction de bâtiments écolo. Exemple à Wanjing Soho dans le nord-est de Pékin. Trois tours de verre tout en rondeur, 500 mille m2 de bureaux, d'appartements et de boutiques. Avec une facture réduite de 30%.
Lors d’une conférence, le Dr Margaret Chan, directeur général de l'OMS, explique la contribution croissante de la Chine à la santé publique sur la scène nationale et internationale. Dans ce discours donné à l’Académie chinoise de la gouvernance, elle rappelle que la Chine est le plus gros émetteur de dioxyde de carbone au monde. Elle loue le volontarisme de la Chine à diminuer ses émissions : Le gouvernement a notamment l’instauré une surveillance automatique de la pollution en temps réel, dotée d’un système d’alerte, et a investi pour passer à l’énergie nucléaire, solaire et éolienne, conformément aux engagements pris dans l’Accord de Paris. Les gouverneurs de province déplacent les centrales à charbon et les usines de ciment en dehors des centres urbains…
L’Inde

Un pays qui prend son envol
L'Inde (8,35 % des émissions) veut réduire son "intensité carbone" de 35% d'ici à 2030 par rapport au niveau de 2005, mais sans fixer d'objectif de réduction globale des émissions. Malgré une bonne volonté affichée, en 2018, ses émissions ont cru de 6,3%. ((http://www.globalcarbonproject.org/carbonbudget/)).Elle compte sur les énergies renouvelables (40% de son électricité d'ici 2030), tout en reconnaissant sa dépendance au charbon (doublement de production prévu d'ici 2020).
Selon l’enquête “Airpocalypse“ de Greenpeace publiée en janvier 2017, en Inde, 2,3 millions de morts seraient dus à la pollution chaque année.
Le pays étant très affecté par la pollution atmosphérique, la Cour suprême vient d’interdire la vente des voitures les plus polluantes.
Le gouvernement veut que toutes les voitures commercialisées en 2030 soient électriques. Pour assurer la transition, Il donnera un petit coup de pouce. Cela représente un énorme déploiement de voitures électriques sur ce marché de 28,6 millions de véhicules en circulation.
Piyush Goyal, ministre de l'Energie, du Charbon et des Energies Renouvelables, envisage un système de batteries remplaçables. Un système déjà testé par Tesla aux États-Unis mais finalement abandonné en novembre 2016, au profit des Superchargers.
Le but de l’Inde étant de produire plus de la moitié de son électricité grâce aux énergies renouvelables d’ici à 2027 mais aussi se doter de la plus grande centrale photovoltaïque du monde.
En conclusion
Prévenir les maladies respiratoires

La prévention et la prise en charge des maladies respiratoires ainsi que la promotion de la santé respiratoire dépendent d’une connaissance scientifique et claire des interactions entre l’individu et les polluants de l’environnement immédiat.L’effet de la réduction de la pollution atmosphérique sur l’impact sanitaire a été montré dans plusieurs situations de vie réelle.
En Suisse, la diminution de la teneur en PM10 a été mise en relation avec une amélioration des symptômes chez les enfants.
En France l’étude APHEKOM a estimé les bénéfices sanitaires et économiques potentiels associés à une amélioration de la qualité de l’air : l’espérance de vie à 30 ans pourrait augmenter de 3,6 à 7,5 mois selon la ville, ce qui équivaut à différer près de 3 000 décès par an, si les concentrations moyennes annuelles de PM2,5 respectaient la norme de l’OMS (10 µg/m3).
De même, une soixantaine de décès et une soixantaine d’hospitalisations respiratoires par an dans les neuf villes (Bordeaux, Le Havre, Lille, Lyon, Marseille, Paris, Rouen, Strasbourg et Toulouse, soit 12 millions d’habitants, dont 6,5 millions dans la zone de Paris) pourraient être évitées si la valeur guide de l’OMS pour le maximum journalier d’ozone (100 µg/m3) était respectée.
Les plans de protection de l’atmosphère (PPA) ne sont pas tous adoptés et la loi de transition énergétique (LTE) a permis de remettre sur l’agenda politique les questions énergétiques qui avaient été négligées à la fin du siècle dernier. Le but de ces politiques est d’objectiver la pollution partout en Europe
Les PPA ont ainsi contribué à mettre en place des normes de qualité de l’air, censées être le reflet de contraintes sanitaires pourtant bien difficiles à évaluer. Il est important de comprendre que la valeur scientifique d’une norme est très relative. Elle constitue plutôt une base de discussion politique. Elle n’est pas uniquement le reflet d’un débat purement scientifique.
Si l’Union Européenne, dont la France, reconnait les effets nocifs de la pollution atmosphérique sur la santé et la qualité de l’air comme un enjeu sanitaire majeur, les valeurs de références à atteindre publiées par l’OMS, intitulées “recommandations “ seraient plus strictes que la réglementation en France.
Les seuils adoptés par les directives et repris par la France ont été régulièrement revus à la baisse. La tentation pour les émetteurs de pollution consiste à considérer l’innocuité des polluants émis tant que leur concentration n’atteint pas un certain seuil.
Les études sanitaires montrent pourtant que l’écrêtement des pointes ne suffirait pas à garantir l’absence d’effets sanitaires. Les émetteurs oublient l’importance de la pollution chronique, plus difficile à quantifier.
Acter les dispositions de la Conférence de Paris
Repenser les différents secteurs de l’activité humaine de manière à continuer à développer des activités économiques sans émettre des polluants dans l’atmosphère.Imaginer un système énergétique débarrassé des combustibles fossiles, une agriculture raisonnée limitant les intrants et les pesticides.
Trouver les modes de consommation plus sobres favorisant les circuits courts et les possibilités de recyclage.
Ce sont les crédos de la Conférence de Paris : ses plans d'action pour endiguer une augmentation dangereuse de la température planétaire restent pourtant évasifs et non contraignants.
Même si le constat scientifique est sans appel : à cause des émissions de gaz à effet de serre produites par les activités humaines, l’atmosphère de la planète se réchauffe.
Cet accord de 32 pages est composé d'un préambule et de 29 articles. Il découle d’une évaluation réalisée par l'organisation des Nations Unies en charge du changement climatique (la CCNUCC) et des plans d'actions des différents pays depuis le le 1er novembre 2015.
Malgré le mouvement de mobilisation engagé par les Etats, le réchauffement de la planète se situe encore se situer entre 2,7 et 3 degrés, soit bien au-delà du seuil fixé par les scientifiques.
L’objectif de l’accord de Paris est de maintenir le seuil d'augmentation de la température au dessous de 2°C et espère même tendre vers 1,5°C avant 2100. Avant la COP24, en octobre 2018, a été publié un rapport de 400 pages, comprenant le « Résumé à l'intention des décideurs politiques ». Rédigé par le groupe intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec), ce texte est un cri d’alarme : il expose les impacts actuels du réchauffement et la menace d'emballement à venir. Cette étude, commandée en décembre 2015 lors de la COP 21, a pour objectif de mettre en lumière les conséquences sur notre planète d’un réchauffement à + 1,5°C. Selon le Giec, si les États tiennent leurs engagements de réduction d'émissions pris dans le cadre de l'Accord de Paris en 2015, le réchauffement climatique affichera +3°C à la fin du siècle.
L’objectif à long terme de l’Accord de Paris vise à ce que les émissions atteignent un pic aussi vite que possible, et que les pays signataires respectent la neutralité “des émissions dans la 2e partie du siècle“. Pour n’être à +1,5°C, les émissions de CO2 doivent baisser de 45 % d'ici 2030.
Le 12 décembre 2015, 186 pays ont déposé leurs plans d'action dans lesquels ils détaillent la façon dont les pays projettent de faire baisser leurs émissions de gaz à effet de serre. Tous les 5 ans, ces plans seront examinés, sans qu’il ne soit prévu de sanction. Ratifié par 55 pays (les autres se sont engagés à le signer) représentant au moins 55 % des émissions estimées de gaz à effet de serre, cet accord fixe sur les financements une obligation aux pays industrialisés de financer l'aide aux pays pauvres sur le climat, les pays en développement étant invités à contribuer sur une base volontaire à ce Fonds Vert.
Les pays les plus riches devraient financer à hauteur de 100 milliards de dollars, par an, d'ici à 2020, les mesures d'adaptation et de réduction des émissions de gaz à effet de serre des pays en développement.
En 2025, un premier rendez-vous est avait été pris dans l'accord afin de prendre de nouveaux engagements chiffrés pour l'aide aux pays les plus pauvres. Depuis la sortie de pays importants comme les Etats-Unis, le Brésil la donne a changé.
Suivre la “Feuille de route mondiale“ de l’OMS
En septembre 2015, les dirigeants du monde ont fixé une cible dans les objectifs de développement durable consistant à réduire nettement d’ici à 2030 le nombre de décès et de maladies dus à la pollution de l’air.
En mai 2016, l’OMS a approuvé une nouvelle «feuille de route» visant à renforcer l’action face à la pollution de l’air et à ses causes. La feuille de route appelle le secteur de la santé à intensifier le suivi de la pollution de l’air au niveau local, à évaluer les conséquences pour la santé et à jouer un plus grand rôle de direction dans les politiques nationales ayant une incidence sur la pollution de l’air.
Cet automne, l’OMS lancera une campagne de communication mondiale, “BreatheLife“. Son l’objectif est de sensibiliser le public au problème de la pollution de l’air comme risque majeur pour la santé et le climat. Cette campagne dirigée par l’OMS, en partenariat avec la Coalition pour le climat et l’air pur entend réduire les polluants atmosphériques de courte durée de vie hébergée par le Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE).
Elle met en évidence les mesures politiques pratiques que les villes peuvent mettre en œuvre (par exemple de meilleurs logements, transport, systèmes énergétiques et de gestion des déchets) et les mesures que les gens peuvent prendre en tant que communauté ou individu (par exemple: mettre un terme à la combustion des déchets, promouvoir les espaces verts, la marche/le vélo) pour améliorer la qualité de l’air.
L’air est un bien commun qui doit d’être géré par la puissance publique au nom de l’intérêt général et qui relève de la responsabilité sanitaire des gouvernements.
La prise en charge collective de la qualité de l’air se heurte à plusieurs difficultés qui expliquent le déficit observé dans les résultats et la persistance du dépassement des seuils autorisés.
Mis à part l’amiante considérée comme seule responsable d’une pathologie bien identifiée, l’influence de l’environnement sur la santé est plus complexe compte tenu de la pluralité des influences possibles.
Il est donc difficile de trouver un indicateur qui permette de contrôler directement la qualité de l’air d’un point de vue sanitaire.
Pour optimiser ces mesures, un “Observatoire mondial des villes“ chargé de diffuser les solutions innovantes de lutte contre le “fléau de la pollution de l'air“, le GUAPO (Global Urban Air Pollution Observatory) a été créé avec l’OMS en mars 2017.
Son rôle sera d’évaluer l’impact de chaque intervention publique sur la santé, via l’étude des effets des politiques locales sur la santé, en partant des réalités propres à aux villes de chaque pays.

BreathLife 2030, une campagne mondiale pour des villes propres
Lors de la première Conférence mondiale de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) sur la pollution de l’air et la santé (30 octobre au 1er novembre 2018), les professionnels de la santé, l’Union Internationale contre la tuberculose et les maladies respiratoires et Forum international des sociétés de pneumologie (FIRST), se sont alliés pour lancer un “Appel à une action urgente“ afin de réduire de deux tiers, d’ici à 2030, le nombre de décès annuels dus à la pollution de l’air.
Cette conférence mondiale de l’OMS, placée sous le thème “Améliorer la qualité de l’air, combattre les changements climatiques – sauver des vies“, s’est déroulée à Genève (Suisse) du 30 octobre au 1er novembre 2018. Co-organisée par l’OMS avec ONU- Environnement, l’Organisation météorologique mondiale (OMM), le Secrétariat de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC), la Coalition pour le climat et la qualité de l'air en vue de réduire les polluants atmosphériques à courte durée de vie (CCAC), la Commission économique des Nations- Unies pour l'Europe (CCE-ONU1 et le Groupe de la Banque mondiale), elle avait pour objectif de rassembler des partenaires mondiaux, nationaux et locaux, pour mettre en commun connaissances et énergies pour un air plus propre et une meilleure santé dans le monde. Elle a réuni 900 participants et abouti à 70 engagements et permis notamment de mettre en avant BreatheLife, une initiative de la Coalition pour le climat et la qualité de l'air menée par l'OMS et l'ONU.
Cette campagne mondiale vise à mobiliser les villes et les individus pour protéger notre santé et notre planète contre les effets de la pollution de l'air. Les villes et les pays ont été invités à participer à cette campagne mondiale et à s’engager à réduire, d’ici à 2030, la pollution de l’air conformément aux lignes directrices de l’OMS.
Les stratégies de BreatheLife visent à créer des liens entre les villes, via une plate-forme leur permettant de partager les meilleures pratiques et de démontrer leurs progrès réalisés dans la réalisation des objectifs de qualité de l'air. Cette campagne entend aussi proposer de nouvelles solutions qui fonctionnent et soutenir les municipalités dans leur mise en œuvre efficace dans leurs propres villes. Sa mission est aussi de travailler avec ces municipalités pour étendre les efforts de surveillance pour tenir les citoyens informés et faciliter un développement urbain plus durable. Enfin, le dernier volet de BreatheLife est pédagogique et implique les habitants. Il paraît indispensable de leur fournir des moyens pour agir localement sur la qualité de l’air.
Ce réseau BreatheLife est composé de 52 villes, régions et pays. Il soutient 173 actions, concernant 153 millions de personnes. Au Royaume-Uni, Londres, la région de Greater Manchester font partis du réseau. En Europe, on compte parmi les adhérents, Oslo (Norvège), un canton de Sarajevo (Bosnie-Herzégovine), la région des Pouilles et celle de la Lombardie en Italie, la région Wallonne en Belgique ou encore le Pays Basque et la Catalogne en Espagne.
Prochaine étape…
Le Sommet pour le climat des Nations Unies se déroulera le 23 septembre au siège de l’ONU à New York. Il s’agira de conforter la mise en application de l’Accord de Paris.
Références